Ces derniers temps, je bosse quelque 10 h par jour, 6 jours par semaine (faites-moi penser à mettre le réveil pour demain). Petit à petit, j’ai réussi à montrer à ces Irlandais ce que je savais faire, et ils ont rien trouvé de mieux que de me donner des responsabilités ; ce que les managers français n’avaient jamais osé faire — CSS tu feras, petit scarabée : tou es oune artiste maudit, assoume !
Je dois dire que je suis plutôt content qu’on me fasse confiance, mais ça me terrifie d’avoir à petit chefoyer, d’autant que je ne sais pas le faire du tout, et d’autant qu’un zozo qui s’explique en bâfouillant à tout bout de champ (même en VF) dans un Bhéarla approximatif, ça fait plutôt sourire.
Résultat, je suis survolté au boulot. Survolté limite hypertension calibrée soigneusement à grands renforts de fix de caféine ; mes collègues ne me reconnaissent guère. Quand on me rentre dedans, au détour de petites remarques mesquines (j’ai un expert dans le domaine dans ma besace qui mériterait que l‘étendue désertique de mon funeste mépris, mais bon, hein, c’est un trou du cul avec influence, alors je me retiens), je pense aux grandes phrases que j’aurais pu sortir deux heures après être entré dans mon lit, peu de temps avant que le réveil ne sonne.
C’est quand même le drame, quand tout cela vous tombe sur le coin de votre gueule légèrement marquée par un ictère persistant et une chevelure furosémide et potthässlich (deux adjectifs que Wiktionnaire, on y vient, aura daigné me susurrer), alors que vous savez pertinemment que vous êtes la flemmasse incarnée… Ich Bin Gaston Lagaffe en personne, celui que le mot « effort » fait basculer dans un choc anaphylactique laissant la médecine déconfite.
Dans mon cas, la populace extatique (Virginie : ça veut dire sauter de joie) se trouverait confrontée à deux choix : le désespoir suicidaire, ou la morne joie d’avoir « réussi ». Pour ceux qui ne l’auraient pas encore tout à fait saisi, je rédige ces quelques lignes sous l’emprise de l’alcool, et comme, enivré, j’ai la fâcheuse tendance à aimer le monde, ses salopards, ses faibles et ses rouquines, je ne sais trop quoi penser et vous laisse décider en âme et conscience que vous ne manquerez pas d’affranchir au tarif en vigeur, destination Greystones.
Ah oui, j’oubliais, j’achète une maison. Priez pour moi, camarades…